Marcelle Alix Marcelle Alix
Projects

Figure IV

Laura Lamiel

05.04.2012 - 02.06.2012, vernissage 05.04.2012


En français plus bas
Laura Lamiel's work appeared in the early 80's and has become more and more complex ever since. The main visual tools she has used are the white unit she calls "brick" and steel. Before, the superhuman aspect of the work would be put forth, since it has seemed to aim at constantly ordering chaos and reaching for the Absolute. Now, as the artist continues to commit to introducing tension into the work, it can be rather interpreted as a will to decompartmentalize space and to adapt studio strategies to the exhibition space.


A Room of One's Own is the kind of subtitle we could give the exhibition, considering how the work that is shown seems to relate to Virginia Woolf's strong claims in her 1929 eponymous essay. It also relates to inwardness and to merge the studio space and the mental space. The exhibition space is transitory, or even transitional. The exact place of the work's existence is that of the eye, and of the brain.
Trying to think about the reflecting effect that Laura Lamiel's installations have on me, a work by Jeff Wall has come to mind. In After Invisible Man by Ralph Ellison, we see a man turning his back to us, in a basement charged with a mass of ordinary objects, clothes and thousands of light bulbs. Light, which is both represented in the image and physically present (the photograph is encapsulated in a light box, according to Wall's usual practice), both interior and exterior to the work, propagates and contaminates its environment. The name of the author of Invisible Man, sounding strangely similar to that of the inventor of electricity, seems to be mentioned with a purpose to intensify the effect of (real and conceptual) lighting. Laura Lamiel also proposes a work that is saturated with light. White-on-white installations are photographed and copied out on enamelled steel. Intense light travels through the optic nerve to the borders of thought, where speech errors and splitting lie.

The repeated image of a work in another work, of a sculpture in an image silkscreened into enamel_is not a purely conceptual practice for Lamiel. The enamelled chair, physically included in an installation and also represented on steel close-by, appears to refer to Joseph Kosuth's strategies. This is barely true, though. The conceptual game which borrows from semiology and figures of speech is here infected by strange objects, like Freudian slips interfering with a very civilized speech. Her work rather refers to the troubled, interior part of what has now become a "style", differentiating itself from other contemporary practices which sometimes mimic the "purity" of Minimalism and Conceptual Art.
To me, it echoes the kind of intense relation that Louise Bourgeois established with the body, the bowels or sex organs. Just like Bourgeois's Fillette corrupts Brancusi's Princesse X and sends this smooth and shiny power symbol back to its status of organic and a bit pitiful "part-object", Lamiel's brick becomes an element of construction, and of deconstruction of an allegedly pure and masculine Minimalism. When associated with a cactus growing in cotton or with a mysterious black and rounded object, the enamel brick, its regularity and purity, uncovers the obvious limits of a univocal interpretation of Minimalism.
Mental projections are a décor that dress up our nature. Civilization (a very popular concept in today's French political speeches), as rational as it can be presented (through the famous "legacy of the Enlightenment"), can't conceal a more heterogeneous, less luminous reality, with which we all have to deal.

IA


Laura Lamiel was born in 1948 and lives in Paris. Her works were recently shown at Musée National d'Art Moderne, Paris (elles@centrepompidou, 2010), at Grand Palais (La force de l'art, cur. Anne Tronche, 2006), at Maison Populaire de Montreuil (Un plan simple, cur. Le Bureau, 2009). Her most important solo exhibitions include large presentations at National Museum of Modern Art, Rio de Janeiro, Brazil (2006) and at Musée d'Art Moderne de Grenoble (2001).


Special thanks to: Emilie Catalano, Aurélien Mole


lauralamiel.com


L'oeuvre de Laura Lamiel est apparue au début des années 1980 et n'a depuis cessé de s'amplifier et de se complexifier. Les principaux outils visuels qui fondent ce travail sont : le module blanc qu'elle nomme « brique » et l'acier. Hier, l'on regardait ce travail en rapport avec des oeuvres aux reflets surhumains, tant il participe d'une constante mise en ordre du chaos et d'une recherche de l'Absolu. Aujourd'hui, poursuivant ses engagements de la première heure en faveur d'une mise en tension de l'oeuvre, ce travail s'inscrit dans la problématique d'un décloisonnement des espaces, où comment les processus d'atelier sont repensés dans l'exposition.


Une chambre a soi aurait-on envie de sous-titrer l'exposition, tant l'oeuvre que nous découvrons semble se rapprocher des évocations fortes exprimées par Virgina Woolf dans son essai éponyme de 1929. Il s'agit aussi d'intériorité, de confondre l'espace de l'atelier et son espace mental ; l'espace d'exposition n'étant que transitoire, voire transitionnel. Le véritable espace dans lequel ce travail existe est celui de l'oeil et du cerveau.
Considérant l'effet réfléchissant que me font les installations de Laura Lamiel, une oeuvre de Jeff Wall m'est revenue à l'esprit. After Invisible Man by Ralph Ellison représente un homme de dos, dans un sous-sol, entouré d'une multitude d'objets quotidiens, de vêtements et d'ampoules. La lumière, présente à l'image mais également physiquement (le tirage est rétro-éclairé, selon le procédé habituel de Wall) est à la fois intérieure et extérieure à l'oeuvre, elle se propage et contamine son environnement. Le nom de l'auteur d'Invisible Man, aux sonorités voisines de celui de l'inventeur de l'électricité, ne semble mentionné que pour redoubler l'intensité de la lumière, réelle et conceptuelle, de la photographie. C'est aussi une oeuvre saturée de lumière que propose Laura Lamiel. Des installations blanc sur blanc sont photographiées et reportées sur de l'acier. La lumière intense voyage par le nerf optique aux confins de la pensée, là ou résident les dédoublements et les accidents du langage.

La mise en abyme (d'une oeuvre dans une autre, d'une sculpture recomposée dans une image sérigraphiée dans l'émail), n'est pas chez Lamiel une pratique purement conceptuelle. Cette chaise émaillée présente physiquement dans une installation et sérigraphiée sur acier non loin de là nous fait évidemment penser aux stratégies de Kosuth, pourtant il ne s'agit guère de cela. Le jeu conceptuel, empruntant aux figures de style et à la sémiologie, est contaminé par la présence d'objets étrangers, comme des lapsus introduits dans un langage hautement civilisé. Loin des pratiques d'artistes contemporains qui se plaisent à singer la "pureté" du minimalisme et de l'art conceptuel, les oeuvres de Lamiel relèvent de la part trouble, intérieure, de ce qui est aujourd'hui devenu un "style".
On y trouve un écho à ce que Louise Bourgeois exprimait dans un rapport intense au corps, aux entrailles et aux organes sexuels. Si la Fillette de Bourgeois pervertit la Princesse X de Brancusi pour rendre ce symbole de pouvoir lisse et brillant à son statut d'
"objet partiel" organique et un peu penaud, Lamiel fait de sa brique, un élément de construction autant que de déconstruction d'un minimalisme se voulant pur et masculin. Associée à un cactus qui grandit dans du coton ou à un mystérieux objet noir aux contours arrondis, la brique d'émail, sa régularité et sa pureté, dévoile les limites d'une interprétation univoque du minimalisme. Les projections mentales ne sont jamais qu'un décor qui déguise notre nature. La civilisation (concept en vogue dans les discours politiques à l'heure où j'écris), aussi rationnelle qu'on veuille la présenter (le fameux "héritage des Lumières"), ne peut masquer la réalité, plus composite, moins lumineuse, avec laquelle il faut sans cesse négocier.

IA


Laura Lamiel est née en 1948 et vit à Paris. Ses oeuvres ont été montrées récemment au Musée National d'Art Moderne, Paris (elles@centrepompidou, 2010), au Grand Palais (La force de l'art, cur. Anne Tronche, 2006), à la Maison Populaire de Montreuil (Un plan simple, cur. Le Bureau, 2009). Son travail a fait l'objet de deux expositions monographiques importantes au Musée National d'Art Moderne de Rio de Janeiro (2006) et au Musée d'Art Moderne de Grenoble (2001).


Remerciements: Emilie Catalano, Aurélien Mole. 


lauralamiel.com